Portrait présumé de la comtesse de Fontenelle et de son négrillon

Portrait présumé de la comtesse de Fontenelle et de son négrillon

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• Nomanonyme

1750

; 1760

France

peinture à l'huile

Hauteur en cm : 75.5

; Largeur en cm : 60

Ce beau portrait pose un problème d’identification pour l’artiste et pour le modèle étant donné l’absence de toute information historique.
Depuis la notice de J.-Y. Boscher dans le catalogue d’exposition Regards sur les Antilles. Musée d’Aquitaine. Collection Châtillon (Paris, RMN, 1999, p. 120, n° 1) et une première attribution à Jean-Marc Nattier (1685-1766), ce tableau présente jusqu’à présent une attribution à Pierre Subleyras.
Ce Provençal arriva à Paris en 1726, après un apprentissage auprès du Toulousain Pierre Rivalz.
L’année suivante, il obtint le grand prix de l’Académie et séjourna à Rome à partir de 1728. Il y pratiqua d’abord le portrait qui lui permit de se faire connaître de la société romaine, d’intégrer le marché de l’art local et d’obtenir des commandes importantes auprès des ordres religieux. La consécration de sa carrière eut lieu en 1740 lorsque le pape Benoît XIV posa pour lui.
Satisfait de ce travail, le souverain pontife lui obtint la commande religieuse la plus prestigieuse de la Ville : un tableau d’autel destiné à la basilique Saint-Pierre et intitulé Saint Basile célébrant la messe de rite grec devant l'empereur Valens, arien (1746, Rome, Sainte[1]Marie-des-Anges).
Jusqu’à la fin de sa vie qui se déroula pauvrement, ce succès lui assura la primauté de l’école locale de peinture. 2 La comparaison entre l’œuvre bordelaise et certaines peintures de Subleyras, notamment Le portrait de la comtesse Mahony (Caen, Musée des beaux-arts) et Le portrait de Madame Subleyras (Worcester, Massachussetts, Worcester Art Museum), renforce la composition très conventionnelle : un modèle posé au premier plan et devant un fond paysager ou architectural.
Aussi, une attribution reposant sur « la pose générale » et « la main droite, fine et élégante » n’est guère convaincante. L’auriculaire droit qui, écarté et plié, se retrouve certes dans le portrait de la femme de l’artiste ou de la princesse Chigi (non localisé), mais aussi chez d’autres confrères de Subleyras : notamment, dans les portraits de Pierre Gobert (1662-1744), Le portrait présumé de la marquise du Châtel (Indianapolis) de Nattier et dans celui de Giacinta Orsini (Rome) de Batoni, successeur de Subleyras à la tête de l’école romaine.
Il s’agissait d’un geste de convention qui, avec l’enfant regardant vers la droite en pointant son index, anime quelque peu une effigie statique. À la différence de ses confrères français, Subleyras place ses personnages dans un contraste lumineux prononcé qui lui permet d’accentuer les effets plastiques des corps et des visages, ainsi que le détail très minutieux des vêtements d’apparat, et de leurs accessoires dont les ornements métalliques brillent, ainsi que des meubles dont les moulurations et le veinage des marbres tournent à l’obsession myopique.
Les admirateurs du peintre remarquèrent une exécution des œuvres par de fines hachures croisées si caractéristiques1 mais pas visibles sur le tableau bordelais. Si sa facture se révèle enlevée dans le portrait présumé de sa femme, elle caractérise aussi par ce far presto les portraitistes français contemporains, Nattier et son entourage, influencés par leurs confrères vénitiens admis à l’Académie (Carriera, Ricci). Nattier, peintre de la famille royale et artiste prolifique, est écarté à juste titre de l’attribution du tableau bordelais en raison de la grâce un peu rigide et de la carnation moins morbide du modèle malgré son influence indéniable sur l’air de tête gracieux, la ressemblance quelque peu embellie et la gamme chromatique claire et raffinée des vêtements.

Chatillon Marcel

2003.4.2

Iconographie