La Vigne et le vin

peintre

Dupas Jean, Théodore En savoir plus

• NomDupas
• PrénomJean, Théodore
• Date de naissance1882/02/21
• Date de décès1964
• GenreM

1925

toile

; peinture à l'huile

Hauteur en cm : 302

; Largeur en cm : 823 cm

La toile de Jean Dupas célèbre la plus emblématique des ressources économiques de Bordeaux et de sa région : la vigne et le vin. Des annotations de la main de l’artiste sur un dessin préparatoire (cf. le TER de Myriam Larnaudie-Eiffel consacré à Jean Dupas et le catalogue Bordeaux Art déco, Bordeaux musée des Arts décoratifs, 1979, p. 43-45) permettent d’identifier les allégories composant cette longue frise de personnages pouvant suggérer une bacchanale. De gauche à droite sont évoqués " la joie" : la tête renversée sur un côté, elle tient deux branches ornées de guirlandes de fleurs (une insouciance transparaît dans son visage rieur et le désordre de sa chevelure), "la force" : son visage au profil grec est coiffé d’une tête d’animal ressemblant à celle du chien qu’elle tient entre ses jambes ; vêtue à l’antique (chiton court), elle est armée d’une massue à la manière du héros de la Grèce antique Héraclès ; le chien à la noble prestance couché à ses pieds rappelle le « lévrier du pharaon ou chien du pharaon » voire Anubis, dieu de la mythologie égyptienne tout en arborant la pose du faon couché aux pieds de Diane," l’esprit" : elle tient dans la main gauche le livre de la science et a pour attribut une chouette comme Athéna, déesse de l’intelligence avisée dans la mythologie grecque," l’Appel" : vêtue d’une robe à la fois originale et sophistiquée (sorte de réminiscence des robes à tournure ou à crinoline) elle convie, d’un geste gracieux, la joie, la force, et l’esprit à participer à la fête du vin. A ses côtés, deux jeunes femmes tout aussi élégantes tiennent un récipient vinaire de fantaisie. Leurs bras épousent cette cuve sphérique d’où s’écoule "le vin" et à laquelle vient s’abreuver" les hommes" (l'humanité) représentés par une jeune femme, un jeune homme et un vieillard aux bras tendus et aux mains cassées dans un geste de quête. Se joint à eux une femme nue à demi-couchée, portant une coiffure haute et élaborée (dans l’esprit de certaines réalisées au XVIIIe siècle) " l’Invitation". Ce vin vu comme une ressource précieuse est accueilli par l’humanité comme un bienfait. L’homme juché sur un cheval noir qui se penche pour attraper un panier destiné à contenir le raisin évoque " les vendanges". Au premier plan, une autre jeune femme "la sorcière", assise à même le sol, la tête repliée sur les genoux, prépare le feu pour " l’alambic". Deux autres personnages féminins, enfin, portent le fruit de la vigne. L’une tient une sorte de flûte de verre " la Divine liqueur", source de vie à laquelle viennent se rassasier les colombes. A côté d’elle se tient "l’Alcool" soutenant un verre ou vase aussi longiligne que son propre corps. Cette œuvre est très représentative du style singulier de Jean Dupas. Certains éléments récurrents sont d’ailleurs comme une signature : colombes, lévrier, marquises poudrées et perruquées. Quelques influences se perçoivent : comme celle de Jean- Dominique Ingres (dessin linéaire pur, souple et sinueux, attitudes lascives des figures féminines) ou encore celle des peintres maniéristes de la Renaissance (raffinement des figures, irréalisme des proportions utilisées, élongation excessive des corps, renflement des cous...). Mais outre cette inspiration classique, l’œuvre dévoile une certaine modernité et beaucoup d’inventivité ; cette alliance opère à l’ensemble de la composition une séduction tout à fait particulière et remarquable. La géométrisation des volumes réduits parfois à des formes presque tubulaires (notamment pour les cous et les membres), peut faire éventuellement référence aux recherches d’artistes cubistes tels que Fernand Léger. Le caractère décoratif de la composition est conforté par la stylisation des détails voire des figures et ces dernières rappellent certaines illustrations de mode des années 1920. Leurs visages aux traits impersonnels ressemblent à des masques. Ils confèrent une certaine froideur à ces créatures élégantes qui semblent comme issues d’un rêve. Leurs gestes lents et mesurés, leurs poses affectées et théâtrales font penser à l’image arrêtée d’un relief égyptien, à un pantomime ou encore à un ballet dans lequel elles déclameraient une sorte d’incantation. Leurs attitudes sophistiquées, le raffinement des détails (visages maquillés avec soin, petites bouches boudeuses, robes extravagantes et élégantes, coiffures travaillées, noires intenses...) magnifient le caractère précieux et exceptionnel du vin de Bordeaux.

Ville de Bordeaux

1926

74.31.2

74.31.3 Les Colonies : Huile sur toile

; 74.31.4 L'Agriculture : Huile sur toile

; 74.31.1 La Forêt landaise : Huile sur toile

Iconographie