Fête de charité à Bordeaux, souvenir de la cavalcade de 1851. Le char de la Basoche, le char de la Fortune, le char des Arts - tableau

Fête de charité à Bordeaux, souvenir de la cavalcade de 1851. Le char de la Basoche, le char de la Fortune, le char des Arts

tableau

peintre

Zo dit Achille Zo Jean-Baptiste Achille En savoir plus

• NomZo dit Achille Zo
• PrénomJean-Baptiste Achille
• Date de naissance1826/07/30
• Date de décès1901/03/02
• GenreM

19e siècle 3e quart

; 1854

Bordeaux

toile

; peinture à l'huile

; Huile sur toile dans un cadre d'acajou rapporté par le vendeur

Hauteur en cm : 52

; Largeur en cm : 85

Ce tableau est un beau témoignage des grandes « Fêtes de Charité » organisées dans Bordeaux pendant cinq ans, de 1848 à 1854, à l’initiative des autorités militaires et de la mairie. Une Société des fêtes de Charité programme bals, concerts au Grand-Théâtre, courses de chevaux au Bouscat, tombolas, carrousels militaires au Jardin-Public, feux d’artifice aux Quinconces… puis se charge de redistribuer les bénéfices des collectes aux hospices et sociétés de secours de la ville. L’année 1854 marque le terme de ces initiatives : les recettes ne couvrent pas les dépenses engagées pour des Fêtes de très grande ampleur ; décision est prise de ne rien organiser en 1855 et la Société sera dissoute deux ans plus tard, après avoir purgé ses dettes.

Dans un mémoire en forme d’hommage aux travaux de cette éphémère Société ("Historique des fêtes bordelaises", 1859), le capitaine de la Garde nationale Charles de Pelleport-Burète (futur maire de Bordeaux de 1874 à 1876) revient sur chacune des fêtes et dresse la liste des institutions bénéficiaires des sommes collectées.

La cavalcade des 30 et 31 mars 1851, animée par « la jeunesse élégante de Bordeaux, aidée des officiers et des soldats de notre garnison » (p. 40), attire une foule immense, dont le journal charentais L’Indépendant précise qu’elle a « accouru de tous les points de la Gironde et des départements voisins ». C’est cette foule compacte, place de la Comédie, que choisit de représenter deux ans plus tard le peintre Charles Donzel (1824-1889) dans un tableau offert en 1927 à la Ville par les descendants de Pelleport-Burète ; l’œuvre est exposée au musée d’Aquitaine depuis 2014, dans les espaces dédiés au XIXe siècle.

C'est bien la cavalcade historique de mars 1851 que peint Achille Zo en 1854. Le cortège avance dans les allées de Tourny en direction du Grand-Théâtre ; la maison Gobineau (actuel siège du Conseil interprofessionnel des vins de Bordeaux) est bien identifiable en arrière-plan. On distingue, dans l’ordre du programme détaillé par Pelleport-Burète pour la cavalcade de 1854 : des chevaliers (de la guerre de Cent Ans ?) escortant un dais fleur-de-lysé ; le char de la Basoche avec son dais rouge surmonté d’oreilles d’âne et sous lequel trônent le bœuf gras du carnaval et les étudiants en droit ; le char de la Fortune « parcourant le monde et distribuant de l’or, portant les quatre Parties du monde » (p. 140), avec à ses pieds les figures allégoriques de l’Amérique et de l’Afrique ; derrière la Fortune, le char des Beaux-Arts portant les trois muses « à la Sculpture, à la Musique, à la Poésie », entouré d’illustres écrivains et artistes « du XVIe siècle », précise Charles de Pelleport. Enfin, la bannière de la Société de Charité est portée par le cavalier de gauche : « en soie orange, à frange d’argent ; au centre se trouvait une figure allégorique de la Charité […]. Précieusement conservée, cette bannière […] sera remise à ceux qui voudront la déployer de nouveau. » (de Pelleport-Burète, ibid. : 71). Deux quêteurs figurent au premier plan, déguisés en Pierrots rouge et blanc.

Cette foule dorée, et soyeuse et brillante
Ces nobles grands seigneurs à la mine imposante,
Ces fantômes fameux, évoqués du passé,
Reviennent parmi nous vaincre la pauvreté.

Ces illustrations, ces preux du moyen-âge,
Types de loyauté, de grandeur, de courage,
Armés de pied en cap, et la lance à la main,
Vont combattre et dompter le monstre de la faim.

Ils se sont tous croisés dans cette sainte ligue !
Ils braveront les sots, le soleil, la fatigue !
Leur devise sera : Tout pour l’humanité !
Leur œuvre est celle-ci : Fête de Charité !

Quel grandiose appareil ! Quelle magnificence !
Que d’art et de bon goût, de luxe et d’élégance !
Partout l’or et les fleurs, et pour dôme les cieux !
Ah ! l’œuvre est digne en tout d’un but si généreux !

Extrait d’un long poème imprimé sur la fête de Charité à Bordeaux, signée H.R. ébéniste, 1852

2023.12.1

Iconographie